Agen, le 19 janvier 2017

De petits pas en petits pas, voir même en pas de côté, c’est ce à quoi travaillent les intervenants dans les Institutions qui accueillent au cas par cas les enfants qui tentent de survivre au « malaise » qui les pilotent littéralement.

À titre d’exemple, je propose un extrait d’une vignette clinique : Taou, jeune garçon accueilli à l’Antenne 110, en Belgique, nous en donne une version à l’état brut : « Quand il s’agit de passer à table, Taou se roule régulièrement par terre, il se bouche les oreilles, mord ou pince tout ce qui se trouve à sa portée, il est toujours en mouvement, se cache dans l’armoire, vient manger, quitte la pièce, s’échappe dans sa chambre sous les couvertures. Quand il s’installe enfin à table, il met la nourriture en bouche, l’avale et recrache une partie de celle ci qu’il étale sur la table ou sur le bord de sa chaise, en s’accompagnant de sons rythmés ».[1]

Le malaise n’est il pas d’abord et avant tout celui des effets de la pulsion, cet Autre qui contraint et pirate le sujet ?

C’est un engagement quotidien, travaillé semaine après semaine que mènent ces équipes orientées par les travaux de Lacan. Je prélève toujours dans ce même texte l’enjeu de cet accompagnement toujours à réinventer : « Nous allons donc, contre son Autre fou, nous allier au sujet psychotique, l’accompagner lorsqu’il entame, traite son Autre : que l’Autre reste tranquille, qu’il ne gronde pas, qu’il regarde ailleurs, que ça lui échappe, qu’il ne sache pas ». [2]

Rappelons ici ce qu’écrit Alfredo Zenoni dans son livre, L’Autre pratique clinique p 19 : « La question n’est plus de savoir si, et dans quelle mesure, la thérapie analytique peut être pratiquée au milieu d’autres pratiques, mais si, et dans quelle mesure, la psychanalyse peut être appliquée à une pratique institutionnelle ; question qui concerne moins l’intervention d’une personne au titre de psychanalyste que la politique de la psychanalyse, “le devoir qui lui revient en notre monde » (J. Lacan)” ».[3]

N’est-ce pas le moment compte tenu des débats actuels ? Par contre, pas de copié collé possible en la matière, chaque institution doit trouver son style et sa formule ! Mais il est grave d’entendre qu’il pourrait se faire que cela ne soit plus possible…

[1] Marot M.,  « À propos de l’objet pulsionnel », Préliminaire n° 7, publication du Champ Freudien en Belgique, 1995, p. 9.

[2] Ibid., p. 11.

[3] Zenoni A., L’Autre pratique clinique, Toulouse, Éres, 2010, p. 19.

Laisser un commentaire